jeudi 1 février 2018

lectures de janvier

Deux jeunes hommes découvrent la ville sous la chaleur écrasante de l'été au début des années 2000. L'un rentrera dans sa Bretagne natale, l'autre, pris au piège des charmes de la ville rouge disparaîtra dans le désert.
Une description brûlante et lascive de cette ville farniente qui recèle tant de secrets cachés au détour des ruelles entrelacées de la médina. Charme de la fin du jour sur la Place Jemaa el Fna où tous les marrakchis se retrouvent, découverte de lieux uniques comme la medersa ben youssef ou la palais el badi.... L'auteur relate avec nostalgie cette immersion sur le continent africain sur lequel il retournera, notamment en quête de son ami qu'il ne reverra jamais.

Madame Bovary est morte assassinée ! Mais si je vous jure ! D'ailleurs Philippe Doumenc nous le relate dans cette enquête passionnante qui revisite les dernières heures d'Emma et celles qui suivent son agonie. Quel bonheur de retrouver l'époque et le style de Gustave Flaubert. Le texte est d'ailleurs émaillé d'extraits du roman notamment pour la description de certains protagonistes.
Une perle qui trouve sa place dans le collier d'origine.

J'ai découvert Abdellah Taïa lors d'une rencontre dans le cadre du festival lettres du monde. C'est un garçon bavard et ouvert qui aborde tous les sujets sans tabou. Son écriture est forte et douloureuse. Elle n'épargne rien ni personne. Abdellah, homosexuel revendiqué, enfant pauvre établi à Paris pour finir ses études à  la Sorbonne, raconte son pays, la misère qui rend les cœurs durs, la difficulté d'être un marocain homme ou femme en France, le racisme, la prostitution, les vies qui souffrent et se débattent. Une écriture mi autobiographique mi romancée qui gifle comme le vent du désert chargé de sable brûlant.



A Bagdad, les voitures kamikazes explosent à tous les coins de rue. Hadi le chiffonnier a l'idée de recoller les morceaux épars des victimes des attentats suicides. Il crée un monstre qui n'aura de cesse de venger chaque partie des hommes dont il est constitué. Hadi est-il fou ? Le monstre existe-t-il ? Il croisera pourtant la route d'une vieille femme qui attend le retour de son fils mort dans un affrontement il y a 20 ans, d'un journaliste en quête de reconnaissance, d'un devin à la solde de la police. A qui se fier, qui croire dans cette ville où la vie est suspendue au bruit des explosions, où les plus riches essaient de tirer profit de la misère des autres, où la superstition a la part belle, où les administrations, les politiques sont corrompus, la presse manipulée. Un conte rocambolesque, très bien documenté que l'on dévore en sillonnant les rues de cette ville qui cache encore des trésors d'architecture mis à mal par la folie des hommes.

Pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître. Les six jours du condor est le premier roman de James Grady écrit en 1974, porté à l'écran un an après par Sydney Pollack dans ce film culte ou Robert Redford donne la réplique à Faye Dunaway. Les 6 jours sont devenus 3 mais le héros n'a pas perdu au change en revêtant les traits du beau Redford, inoubliable dans son caban. Le roman était véritablement un scénario en puissance et Pollack ne s'y est pas trompé. Le livre est aussi haletant que le film. Pour la petite histoire, l'intrigue située dans le roman à Washington est déplacée à New York pour coller à l'emploi du temps très contraint d'un Redford en pleine gloire.

Dans la guerre, c'est la vie de Félicité et Jules, jeune couple landais, dont la trajectoire amoureuse va croiser la grande guerre. Jules est mobilisé, chair à canon, il tiendra pourtant jusqu'en 1916, au front, à croiser la mort tous les jours jusqu'à ce qu'elle l'emporte. Entre temps il aura découvert l'amitié entre soldat, éduqué son chien (qui parcourt la France pour le rejoindre) pour en faire une estafette. Entre temps Félicité mettra au monde une petite sœur pour son fils aîné. Les orphelins heureux qui ne connaîtront pas leur père. Félicité est pleine de courage, toutes les larmes qu'elle pleurera sur son bonheur démoli ne lui feront pourtant pas perdre pied. La vie est plus forte que la bêtise des hommes, les femmes le savent bien. Un livre plein de poésie et d'amour qui relate aussi bien la condition des femmes restées seules dans les fermes que la vie des hommes dans les tranchées. Une ode à la terre qui nourrit et engloutit les hommes, à la beauté des saisons qui passent, au soleil qui réchauffe que l'on soit dans la cour d'une ferme ou sur les routes du nord.



















1 commentaire:

  1. comme d'habitude de la lecture diverse....et bien forte....en tout cas ce fut tout un joli mois de janvier...;)

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