lundi 11 décembre 2017

lecture de novembre

Avec un certain retard ce mois-ci, mes lectures du mois dernier.



La visite du musée saint Laurent à Paris fut un moment  émouvant. Pierre Bergé était mort depuis peu, le musée fraichement ouvert et les visiteurs pas si nombreux encore.  L’âme de ceux qui ont travaillé dans ce lieu est palpable.  On y ressent la nostalgie d’un passé irrémédiablement perdu, une époque belle et bien révolue.  Alors dans la shop du musée, je n’ai pas résisté devant cet ouvrage de Laurence Benaïm qui « enfonce le clou » de cette fin de règne. Histoire de bien tout enterrer, refermer en partant ce sarcophage doré ou palpite toujours la broche en forme de cœur portée par les favorites du prince de la mode. 

 Ce petit bijou d’humanisme, je l’ai déniché chez La Belle Hortense, ce ravissant bar à vin du Marais qui fait aussi librairie. Le choix des livres y est aussi pointu que celui des vins. L’amas ardent, c’est l’histoire du Don, apiculteur dans un village reculé de Tunisie qui a instauré avec ses abeilles un dialogue quasi amoureux. Quand elles sont attaquées par le frelon asiatique, espèce inconnue de cette contrée et importée d’Asie, il va devoir trouver dans les livres la solution à son problème. Belle métaphore d’un monde perverti où les attaques sournoises se multiplient pour déstabiliser un peuple que l’on maintient dans l’obscurantisme. Mais Don porte l’espoir d’un monde meilleur…


 Jack London était à l’honneur en 2016, le centenaire de sa mort fut fêté par une parution de ses œuvres dans La Pléiade. Anniversaire aidant, nombreux articles, émissions ont jalonné cette période.  Et puis au salon du livre de poche de Gradignan, je suis tombée sur cette petite maison d’édition, Finitude, qui a recueilli les lettres de London à ses filles et à son ex-femme.  On y découvre un homme dur avec sa fille aînée, intransigeant avec  son ex.  Epris de perfection, il ne supporte pas la médiocrité des rapports humains, et le fait sentir à sa famille.  L’éloignement peut être fatal à une relation si elle n’est pas nourrie par les deux parties. C’est ce qu’il veut enseigner à ses filles dont il ne veut pas qu’elles le déçoivent.  Celles-ci ne lui en tiendront pas rigueur, entretenant l’une après l’autre le culte de ce père trop tôt disparu et dont le souvenir sera forcément embelli quand le temps aura fait son ouvrage.
 


Dans ce roman glacé par l’hiver canadien,  les protagonistes sont tous à la recherche de Lilia, une jeune femme qui leur a échappé à un moment de leur vie. Chacun court  après une chimère,  tente de se raccrocher à un mirage qui a pris toute la place dans leur vie.  Elle est l’alibi suprême, l’excuse pour être passé à côté de son existence, jusqu’à l’oubli de soi. Elle cristallise toutes les envies et toutes les désillusions. Elle se démultiplie, miroir aux alouettes. Dès l'enfance, elle a porté tous les prénoms possibles, se réinventant chaque jour auprès d’un père qui l’enleva un jour d’hiver pour la sauver. Lilia, en quête de son identité est d'autant plus difficile à cerner et à conquérir. Une ville anonyme, le froid, des personnages qui se croisent sans pouvoir se connaître vraiment, une fille transformée en courant d'air, font de ce roman glaçant une enquête déroutante aux limites du surnaturel.



 


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