jeudi 9 novembre 2017

lectures d'octobre

J'avais pu participer et apprécier une rencontre entre Ron Rash et l'écrivain bordelais Hervé Le Corre (dont je suis fan). Lui est fan de Ron Rash et je suis bien d'accord avec lui. Des ossements sont découverts par une crue et c'est tout le passé d'Eugène qui ressurgit plus de 40 ans après. Aujourd'hui il est alcoolique, abandonné de tous mais veut comprendre ce que son frère aîné lui a caché lors de cet été 69. Ron Rash décrit à merveille le milieu hostile d'un coin perdu des États Unis dans les années 60, les tensions dans une famille ou le père est remplacé par le beau-père omnipotent, dieu tout puissant car médecin d'une petite ville de province. Il prend en charge l'éducation de ses deux petits fils, la belle-fille n'ayant pas droit au chapitre. Comment s'épanouir dans l'ombre d'un grand-père sévère et d'un grand-frère brillant ? En se laissant séduire par une jolie et border line jeune fille de passage dans la région. Alcool, sexe et volupté ne font pas bon ménage quand on a 16 ans et qu'on est totalement manipulé. Le réveil, 40 ans après, est douloureux.

Emily St John Mandel est canadienne et francophone. Elle était invitée du salon du livre de poche de Gradignan ce mois-ci et je suis tombée sous le charme de son univers. J'ai commencé par son dernier roman, Station Eleven. Les habitants de la terre sont balayés par une épidémie de grippe foudroyante. Reste une poignée de survivants qui vivent presque comme des bêtes, retour à la case départ, sans électricité, la peur au ventre, rendus à l'état de chasseurs cueilleurs. Mais pas que. Car 20 ans après la catastrophe, certains anciens tentent de préserver le souvenir du monde d'avant. Une troupe itinérante déclame du Shakespeare et joue de la musique classique, un homme a créé un musée dans un aéroport. Le fil conducteur de cette histoire d'apocalypse est un acteur, mort juste au début de l'épidémie, d'une crise cardiaque alors qu'il était sur scène dans le rôle du roi Lear. Il est le lien ténu entre les personnages du livre, la mémoire de ces survivants, toutes générations confondues qui sont le trait d'union entre deux mondes.


Zabor ou les psaumes est un poème géant. Une ode à la différence, à l'amour, à la culture et à tous ses contraires. Il est la quintessence d'une humanité exsangue, fourbue de religion et de tradition, retranchée dans un village battu par le vent du désert, isolée du reste du monde par des dunes et des massifs épineux de figuiers de barbarie. C'est l'histoire de Zabor, mal aimé, rejeté mais qui exerce un pouvoir ultime sur les habitants puisqu'il les sauve de la mort par l'écriture. Il est le scribe des mille et une nuits, il a le pouvoir trouvé dans les livres, il est le salut, prisonnier des âmes qu'il soustrait à la mort.

1 commentaire:

  1. oh que tes livres donnent envie...les 3...bon joli mois d'octobre...;)

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