mardi 5 septembre 2017

lectures de juillet/août

Ce livre faisait partie d'une sélection pour un concours Elle/pocket auquel j'avais envie de participer. Il était le seul titre intéressant de la sélection et ce fut un moment très agréable de revivre de l'intérieur les derniers instants de Victor Hugo suivi de ses obsèques nationales. Une écriture fluide pour un moment d'intimité, de tristesse sincère des proches de l'écrivain. Une page de l'histoire pleine de liesse qui a touché le peuple parisien venu en masse saluer la dépouille du grand homme, malgré tous les obstacles postés sur le trajet du cortège par les autorités et jusqu'à la date des obsèques un jour de semaine afin de décourager les ouvriers et éviter les émeutes. Petite singularité page 93, c'est un clin d'oeil de l'auteure....


Deux Loti sinon rien. Le premier alors que je travaillais encore en juillet, le second à la plage en août. Deux univers très différents, le roman du spahi est très sombre, très douloureux alors que Madame Chrysanthème et d'une ironie féroce pour l'Asie de la fin du 19e, pleine de petitesse, de lampions, de mimiques et de saveurs exotiques.
Le spahi et sa très jeune femme noire perdront leur vie et leur âme au Sénégal. L'histoire porte la même souffrance que dans pêcheur d'Islande. Dans Madame Chrysanthème, Loti se mariera avec une jolie petite poupée en kimono le temps d'un été à Nagasaki où son navire fait escale et la quittera aussi facilement quand l'armée le rappellera sur les mers. Le Japon fut pour lui d'une telle incongruité qu'il le décrit comme un ethnologue sarcastique. Mais la poésie de Loti ne fait jamais défaut et c'est pour cette raison qu'on lui pardonne ce point de vue typique des occidentaux à cette époque.

Pendant le festival in situ, proposé par Lettres du monde tous les ans, les comédiens se déplacent dans un lieu original, beau, nouveau ou étrange de Bordeaux Métropole et proposent une lecture. Cette année, La Ruche, et plus exactement son toit terrasse a servi de décor à la lecture de ce petit ouvrage de John Burroughs, naturaliste et essayiste qui a construit plusieurs maisons. Il propose ici une analyse de ses expériences visant à élaborer une habitation qui alliera beauté et solidité tout en respectant les caractéristiques géographiques du lieu. Un rapport de l'homme à son habitat teinté de beauté et de respect, aux antipodes des pavillons beurre frais qui dénaturent le paysage.



Anima est le plus beau livre, le plus puissant, le plus violent et de loin, que j'ai lu depuis longtemps. C'est l'histoire d'un homme qui cherche à venger la mort épouvantable de sa femme enceinte et qui parcourt le canada à la recherche de l'assassin, un homme protégé par les indiens et intouchable par la police. Cet assassinat remue en lui un souvenir diffus du massacre de Sabra et Chatila dont il fut témoin enfant et traumatisé jusqu'à avoir refoulé cet épisode de sa vie.
La force du livre réside dans la kyrielle de narrateurs qui se succèdent au fil des chapitres pour raconter l'histoire du héros. En effet, ce sont des animaux sauvages ou domestiques, des insectes, qui prennent la parole et nous présentent leur vision des hommes en général, de celui-ci en particulier. Le rythme haletant, suspendu à la vision diffractée de cet homme a bout de souffrance, la langue sensuelle et poétique, la force des descriptions, font de ce roman un page turner puissant et totalement envoûtant. Il est question de chamanisme, de totems, d'animalité. C'est beau à couper le souffle.

Watership Down fait partie de ces best sellers qui sont totalement passés à la trappe dans l'hexagone. Il est réédité pour nous, traduit par Pierre Clinquart et il serait vraiment dommage de s'en passer.
Richard Adams nous livre l'aventure d'une bande de lapins qui quittent leur garenne natale, chassés par un pressentiment qui ne fait pas l’unanimité au sein de leur communauté. Ils iront chercher leur terre promise dans les collines de Watership down, défiant tous les dangers possibles et imaginables qui croiseront leur chemin. Cette fable est à la fois une ode à la nature et une relecture des exodes qui ont traversé l'histoire de l'humanité. Nous voilà le nez dans la luzerne, embarqués avec la petite bande d'aventuriers à grandes oreilles, tous les sens en éveil, le cœur battant la chamade. La force, le courage, l'intelligence et l'humour auront raison des embûches et drames qui sillonnent cette histoire unique, magique et vivifiante. Une vraie découverte.

Mais passons à la rubrique polar avec cet opus de Ragnar Jonasson dont je n'avais jamais entendu parler. Le livre est sous titré Huis clos à l'islandaise, et c'est bien ce que l'on ressent, cette enfermement due aux montagnes écrasantes, à la neige qui recouvre comme un linceul cette petite ville du nord. L'intrigue se situe donc dans une ville isolée où les habitants n'atterrissent pas ici par hasard. Soit ils y sont nés, soit ils y reviennent à la fin de leur vie. Il n'y a que ce jeune flic pour y débarquer au début de l'hiver, sans attache et sans repère. Il y cristallisera cet claustrophobie ambiante où les règlements de compte se font en "famille". Sympa...

On dit que la misère est moins pénible au soleil. Pas sûre que les grecs apprécient... En cette période de crise qui se durcit, le commissaire Charitos ramasse les suicidés à la pelle. Et voici qu'un homme décide de remplir les caisses de l'état avec les impôts des riches à la mémoire courte. Soit tu payes, soit tu es mort, et comme nous sommes en Grèce, une petite mise en scène mythologique est du meilleur goût sur les scènes du crime. Reste à la décrypter pour retrouver l'assassin...


 Mais revenons aux origines du roman policier avec Wilkie Collins qui n'a pas son pareil pour écrire des intrigues exaltantes puisqu'elles étaient publiées sous forme de feuilleton dans l'hebdomadaire de Charles Dickens. Après Pierre de Lune, j'ai découvert La dame en blanc qui dépeint à merveille la société anglaise du 19e siècle et la piètre place laissée aux femmes...

Je vais sans doute déplaire, mais je suis restée sur ma fin avec le dernier Vargas. Trop facile, trop tiré par les cheveux. En plus Adamsberg et Danglard se battent froid, Danglard est en retrait et c'est forcément beaucoup moins drôle sans son intelligence et son alcoolisme mondain. Cela ne m'a pas empêché de finir le livre en 48h... Et vous qu'en pensez-vous ?


On ne présente plus Stephen King, ni l'admiratrice n°1 de Paul Sheldon, Annie Wilkes. Le film était déjà très bien mais franchement le livre vaut le détour. Misery est la quintessence de la dépendance d'un auteur à ses lecteurs par le prisme de cet homme totalement soumis aux délires de son admiratrice folle à lier qui le drogue pour soulager ses douleurs et le martyrise pour obtenir la résurrection de Misery. Livre miroir où Stephen King décrit les affres de la créativité et les dégâts engendrés par l'alcool et la drogue qu'il a bien connus.

Je finis par ce grand roman d'aventures qui débute en Birmanie et se poursuit dans l'ouest américain après une parenthèse londonienne. C'est à cause d'un passé commun dans les geôles birmanes que des hommes se retrouveront sur la route des migrants qui partent chercher fortune ou l'anonymat des grandes plaines dans cette Amérique de tous les possibles. Le sergent Bowman est revenu de tout, mais pas de la Birmanie qui le hante. Il parcourra des kilomètres en bateau, en train et à cheval pour traquer un homme sans trop savoir s'il ne se traque pas lui-même. Du bruit et de la fureur, du sang et de la sueur vers un futur possible au bord d'un lac avec les indiens pour voisins et les montagnes pour décor. J'ai adoré cette épopée virile et violente qui laisse la place à une poésie balbutiante quand l'homme a accès à la littérature.








1 commentaire:

  1. et bin didonc tu as bien lu c'est trop cool...et bin un livre en commun...le markalis...j'ai pas trop apprecie...lol....j'avais lu la perle de collins, pas trop aime pourquoi pas celui alors....;)

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